moreno bernardi & nicolas grenier

 

MORENO BERNARDINICOLAS GRENIER

 

initials mb : moreno bernardi : 1971 verona : autobiografia 2013
 
- le projet

 

chorégraphie/danse Moreno Bernardi · poème Nicolas Grenier

 

 

Moreno Bernardi et Nicolas Grenier travaillent ensemble pour composer et donner lieu à une relation originale et poétique entre danse et parole. Les deux artistes donnent vie à une rencontre située entre l’art de la danse de Moreno Bernardi et l’art des mots de Nicolas Grenier. La pièce se formalise par la rencontre de deux artistes : Grenier désire écrire par rapport à la danse et au mouvement du chorégraphe italien et Bernardi désire approfondir sa recherche autour de la distance de la perception du mouvement, la non-relation entre mouvement et palabre et à la fois l’inévitable liaison entre la nature poétique de l’espace/temps du mouvement en danse et l’espace poétique-sonore des mots organisés. Les deux artistes partagent le même intérêt pour la structure, la matière de l’art, la syntaxe, le phénomène linguistique des éléments artistiques. Là où il y a la différence, [la pratique du corps-graphique pour le danseur et la pratique du signe-graphique du poète], il y a aussi le point commun et la finalité du projet : le point, c’est la  forme, le langage poétique autant que produite d’une idée de structure, du développement d’un concept, de la syntaxe de la communication scénique, et la finalité c’est une nouvelle pratique, la rencontre proprement dite, de deux travaux, de deux compositions, c'est-à-dire la manifestation de deux discours, l’un dansé et l’autre parlé, du même cours, d’un même esprit de système de composition : Bernardi compose ses danses, même lorsqu’il s’agit d’une improvisation – composition instantanée –, après avoir analysé le mouvement  en tant que que phénomène linguistique du corps et du geste et Grenier développe les concepts de la poésie après avoir travaillé les mots à l’image d’un linguiste. Nicolas Grenier a choisi de travailler autour de l’autobiographie artistique de Moreno Bernardi par rapport à la matière qu’il va formaliser. Il s’agit d’un voyage du poète dans l’évolution et le chemin du chorégraphe par les étapes, les phases, les cycles d’une âme qui a tenté de donner une forme abstraite, grâce à la danse, à son identité et qui a analysé le mouvement autant que phénomène le plus authentique pour se rapporter au monde, aux autres, à sa même biographie.

 

Moreno Bernardi dans le projet :

 

« …J'aime bien travailler dans le vide, et avec le vide, sur la scène même parfois et sans aucune intention de narration. Je pense que le son (dans le cas de Nicolas Grenier, les mots) et le mouvement sont très riches pour eux-mêmes et ils peuvent  « dire » de choses, ils peuvent révéler beaucoup de choses à celui qui les écoutent et les regardent. Avec Nicolas Grenier, je vais danser sur/avec les mots, mais à mon avis les mots sont, avant tout, des matières riches de rythme, de musicalité, et ils manifestent sa vie grâce à l’organisation dans le vers ; je vais considérer les mots de Grenier comme un élément de la composition poétique. Je ne peux pas contrôler l’imaginaire du spectateur, et je n’aime pas le faire. Le poème que Nicolas Grenier n’est pas quelque chose sur laquelle je vais danser, je composerai mon mouvement avec le poème dans le même espace, la scène. Le poème sera mon partenaire. Ce n’est pas mon autobiographie pour moi, c’est le filtre, le pont, que Grenier a construit pour que je puisse m’y appuyer, et donc déplacer mes pieds, lui, il me donne sa représentation de moi, après « m’avoir lu », et ce que je vois c’est le suivant: lui, il me donne ma matière artistique en vers et moi, je vois le poète, son œuvre, c’est pour ça que je peux danser. La relation intime entre la matière du poème et ma danse c’est une question pour le spectateur, c’est à lui d’imaginer la liaison, les mots et le corps.

 

Nicolas Grenier dans le projet :

 

« La collaboration avec Moreno Bernardi, chorégraphe italien, s'impose par un intérêt commun pour la poésie classique et la poésie de l’extrême-contemporain, de son côté en tant qu'esthète du mouvement, pour ma part en tant que poète de l'espace. Conjuguer au présent danse et poésie se révèle un concept riche de promesses, dans la mesure où cette alliance permet de nouvelles correspondances entre les disciplines, et rarement danse et poésie ont communié ensemble. Aussi c'est la rencontre, au-delà des frontières, de deux cultures méditerranéennes, l'une italienne l'autre française, terres de tradition poétique et chorégraphique, par essence. De par son approche de la chorégraphie, Moreno Bernardi se place au cœur des problématiques contemporaines de la danse, accessible à chacun, extensible à tous. Au fil de son parcours, Moreno Bernardi a déjà fait appel à des artistes d'horizons variés, peinture, cinéma, musique, c'est d'emblée que le projet se place sous l'égide d'un chorégraphe multiforme, ce qui pour ma part constitue une expérience d'une originalité manifeste. Et par la poésie, c'est précisément l'occasion de poursuivre, dans mon travail de poète, le travail d'expérimentation et de recherche, à la croisée des disciplines, et surtout de participer à un projet composite avec un danseur de talent, reconnu sur la scène internationale. »

 

Le projet :

 

Format 1 : un solo de danse de Moreno Bernardi avec le poème de Nicolas Grenier, enregistré par une actrice (à déterminer), le point de départ est de ne pas fixer une musique, on va découvrir la nécessité scénique de la présence musicale et on cherche donc un compositeur qui puisse écrire une musique originale. Le texte est traduit en italien, par Emilio Sciarrino, écrivain français, le chorégraphe donc va jouer la version italienne sur scène.

Format 2 : le livret de Nicolas Grenier du texte du projet, accompagné par le DVD de la pièce et, si c’est le cas, tous les enregistrements du texte en différentes langues.

Chorégraphe et poète recherchent la possibilité de rapporter le projet avec le travail d’un photographe.

 

Moreno Bernardi et la danse :

 

… « J'aime la description pure du mouvement, exact, sans intromissions du « moi », de ce qui se passe en dehors de l’auteur ; la pleine attention aux formes qui nous entourent. Le mouvement-manifestation de l’instant, représentatif du réel, de ce qui arrive, de ce qui est sur le point de se passer et de ce qui va très certainement se dérouler : le mouvement de « l’un » qui se rattache à celui de « l’autre », manifestation « d’une forme » qui dialogue avec une « autre ». Le mouvement qui te met en contact avec lui, attire à lui, t’introduit à lui. Le mouvement qui n’explique pas la danse, mais qui choisit de la montrer. Chaque mouvement est poétique, chaque forme mérite d’être figée dans la mémoire collective. Le mouvement comme « voie » de la perception. Celui qui réveille les sens, l’attention, le naturel, l’authenticité. J'aime que les mouvements, en tant que tels, soient transmetteurs de l’essence dynamique des formes de la danse. La recherche du mouvement qui émeut, par sa nature même, ses rencontres, ses changements rythmiques et toutes les transformations et les relations dans l’espace et le temps. Le mouvement qui se laisse écouter. Je tente d’illustrer le mouvement avec l’intention de transmettre la profonde rencontre entre celui-ci et le temps. Le mouvement est obligé d’attendre le moment de la lecture et de l’interprétation, et demande à être observé. Il est possible que cela ait l’air d’un défi dans lequel on demande au mouvement de nous interpeller au plus profond de notre perception, mais je suis persuadé que la seule chose qui nous émeuve face à un mouvement de danse est le fait d’essayer de résoudre son mystère, en sachant bien que nous n’y arriverons pas... et… pour comprendre un mouvement, il faut être mouvement... lorsque je danse, je tente de dévoiler tout ce que j'ai pu comprendre au moment où je rencontre chaque mouvement et chaque variation. Les mouvements des danses expriment l’habilité humaine pour capter les relations entre les choses. C’est le mouvement qui « est », et quand il « est », il établit clairement une relation entre deux pôles, même si ceux-ci peuvent être contraires. Le mouvement représente par la danse une pensée humaine, alors qu’il est le simple reflet de quelque chose à laquelle on a assisté »…

 

Moreno Bernardi BIO

 

Nicolas Grenier BIO

 

Poète français, Nicolas Grenier est né en 1975. Il étudie à Sciences Po Paris, à l'Ecole Normale Supérieure, à l'Université Humboldt à Berlin, et en Sorbonne. Dans son parcours universitaire, il travaille pour l'essentiel sur la poésie, notamment sur Ingeborg Bachmann, poétesse et romancière autrichienne. Il est actuellement professeur à l'Ecole Centrale de Paris. Il publie des poèmes dans des revues francophones, notamment la revue Europe fondée par Romain Rolland en 1923, un cycle de poèmes « State Poems », sur cinquante-et-un Etats américains, le titre faisant référence au recueil « Statische Gedicht » de Gottfried Benn. Des poèmes du recueil inédit en France « Paysages de Neige » sont publiés dans une vingtaine de revues américaines, notamment dans la revue Tower Journal, dans un numéro avec Kay Ryan, Prix Pulitzer de Poésie, 2011. La revue « Bordel », créée par Stéphane Million et Frédéric Beigbeder, présente également des poèmes de Nicolas Grenier. Il traduit des poètes allemands, Durs Grünbein, Georg Trakl, et surtout "Fin du Monde" de Jakob van Hoddis, poème-phare de l'expressionnisme allemand dans une version libre et rimée en alexandrins, quatre-vingt neuf ans après Louis Aragon. Il est l'auteur d'un article sur la poésie germanophone d'après-guerre pour la revue Poésie Première, « Leçon sur la poésie de langue allemande d'après-guerre par un auteur français : représentation chronologique et exposition méthodique en présence de dix-sept poètes historiques ». Son recueil « Quant à Saint-Germain-des-Prés, trente et un tanka sur la main d'après » préfacé par Jean Orizet, membre de l'académie Mallarmé, obtient le prix Paul Eluard par la Société des Poètes Français. Le livre comporte un ensemble de tankas, forme suprême de poésie médiévale japonaise qu'il remet au goût du jour à travers un lieu parisien, Saint-Germain-des-Prés. La photographie du livre est signée par Oskar Landi, photographe newyorkais. Dans le recueil, il figure également une étude de Nathanaël Gobenceaux, géo-graphe. A ce titre, il est l'un des maîtres du tanka en France. D'un point de vue historique, il écrit le poème sur la Shoah et le camp de Drancy, « Cité de la Muette », paru dans la revue poétique belge, Traversées. Il collabore avec des compositeurs de musique électronique, Finglebone, et des poètes du monde entier pour des poèmes à quatre mains. L'œuvre de Nicolas Grenier se place aux confins des Modernes et des Anciens. A l'écoute du temps présent, l'auteur introduit dans une poétique contemporaine des formes classiques, sonnet, tanka, haïku. Le lieu géographique et le jeu linguistique restent une constante au fil de son propos. Son œuvre s'inscrit dans l'esthétique de la littérature postmoderniste. Jean Orizet évoque ainsi le poète : « Nicolas Grenier est un Petit Poucet moderne projeté dans une dérive entre Orient et Occident, où la fantaisie, seule, décide ».


nicolas grenier, photo ©myriam thibault
nicolas grenier, photo ©myriam thibault

 

Quant à Saint-Germain-des-près, trente et un Tanka sur la main d'après

 

de

Nicolas Grenier

 

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